L’immunothérapie refusée à certains malades: les oncologues sont indignés!

«Indigne de notre pays»: c’est ce que pensent les oncologues du sort réservé aux patients atteints de tumeurs gastriques ou intestinales susceptibles de retirer un bénéfice d’une immunothérapie… à laquelle ils n’ont malheureusement pas encore accès.

«Tandis que les instances officielles tergiversent, des dizaines de malades meurent d’un cancer pourtant parfaitement traitable», dénoncent-ils dans le quotidien flamand Het Nieuwsblad.

Jeroen Dekervel, membre du staff en oncologie digestive à l’UZ Leuven, tire la sonnette d’alarme pour ces patients 'abandonnés par le système'.

L’immunothérapie est remboursée dans le traitement des cancers du poumon et de la peau, mais pas dans ceux du côlon. Il faut dire que ses résultats sont moins convaincants dans cette dernière indication… sauf chez les patients atteints d’une tumeur avec instabilité des microsatellites (IMS), soit tout de même plus d’une centaine de cas par an. L’IMS est également observée chez un petit nombre de personnes atteintes de tumeurs de l’estomac, du pancréas ou de l’utérus.

D’après le Dr Dekervel, l’immunothérapie peut apporter des bénéfices conséquents à ces malades. «Un quart seulement des patients seulement sont encore en vie un an après le moment où l’efficacité de la chimiothérapie s’estompe. Avec l’immunothérapie, cette proportion est de 85 %, comme le révèle une étude auprès de plus de 100 patients. En plus, si le traitement fonctionne, son efficacité se maintient souvent de façon prolongée.» Des personnes qui étaient autrefois condamnées à une mort inéluctable sont encore en vie plusieurs années plus tard, et sans récidives.

Un courrier en préparation
En dépit de ces résultats positifs, le traitement des tumeurs avec IMS par immunothérapie n’a toujours pas été approuvé par l’Agence Européenne des Médicaments (EMA), alors que son homologue américaine a donné son feux vert il y a des années déjà. «L’EMA attend – comme toujours – les résultats d’études dans des groupes de patients plus importants, mais nous perdons ainsi un temps précieux», souligne l'oncologue dans l’article du Nieuwsblad.

Les oncologues doivent actuellement remuer ciel et terre pour permettre aux patients d’accéder au traitement – quand du moins ils y arrivent, ce qui est loin d’être toujours le cas. Et malheureusement, le précieux médicament est trop cher pour qu’ils puissent le payer de leur poche.

Marc Peeters, président du Collège Oncologie , précise que la profession s’apprête à écrire aux autorités compétentes à l’échelon européen et au niveau belge. «Il est inadmissible que, dans notre pays, un traitement soit remboursé pour certaines tumeurs mais pas pour d’autres.»

La procédure normale exige l’approbation de l’Europe avant qu’un médicament puisse être remboursé en Belgique. Les oncologues espèrent que la ministre de la santé Maggie De Block (Open VLD) acceptera de faire une exception… mais d’après son cabinet, c’est malheureusement impossible. Une fois l’enregistrement européen réglé, les choses pourraient toutefois aller très vite.

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Derniers commentaires

  • Thierry LORAND

    09 aout 2019

    il faut en finir avec une certaine hyppocrisie. Depuis 40 ans et mes premiers stages de médecine interne, on sait que l'alcool et le tabac sont cancérigènes à tous les niveaux de l'organisme. Si on ne proposait pas des immunothérapies coûteuses à des cancéreux fumeurs et/ou buveurs(et maintenant drogués) bien au courant des risques qu'ils courrent, si on faisait payer une partie des frais d'hospitalisation à des chauffards alcooliques accidentés, on pourrait dégager de l'argent pour des cancers génétiques. Ce sont 20% des patients qui consomment 80% du budget et qui qui se permettent tout et n'importe quoi.

  • Yvo PIRENNE

    08 aout 2019

    comme souvent l'Europe met des bâtons dans les roues c'est une des motivations du Brexit de même les exigeances françaises d'avoir des études en français, les autres ne comptnt pas. On se croirait toujours à l'époque du sang contaminéen France

  • Christine DURIEUX

    02 aout 2019

    Scandaleux et à côté de cela on rembourse n importe quoi et on fait croire aux patients que tout doit être gratuit